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Trahir et venger. Rencontre avec Laélia Véron le 11 avril à 19h.
11 avril @ 19h00 – 21h00
Les récits de transfuges de classe – c’est-à-dire des personnes ayant connu une forte mobilité sociale, souvent ascendante – se sont multipliés ces dernières années, dans des domaines divers (littéraire, sociologique, politique, médiatique) et sur des supports variés (livres, journaux, réseaux sociaux). Comment expliquer un tel succès ? C’est que le récit de transfuge traite aussi bien d’enjeux collectifs (la place des classes populaires, les injustices et les possibilités de réparations sociales) que d’enjeux personnels (le parcours de vie singulier, l’identité fractionnée, l’acceptation de soi), dans une perspective souvent présentée comme politique.
Peut-on à la fois trahir les siens, en changeant de classe, en adoptant d’autres valeurs, voire une autre identité, tout en prétendant les venger, en leur offrant un espace de représentation, en leur rendant une parole publique dont ils et elles sont privées ? Tel est le principal paradoxe du discours de transfuge qui prétend porter une parole populaire mais qui peut être accusé de la confisquer.
En adoptant les outils de l’analyse du discours, ce livre interroge les ambitions du récit de transfuge de classe. Est-il un contre-récit, qui s’oppose aux récits dominants, ou bien est-il devenu, malgré lui, un récit mythique, récupéré par le storytelling médiatique et politique libéral ?
Laélia Véron est maitresse de conférences en stylistique et langue française à l’université d’Orléans, docteure en langue et littérature françaises, agrégée de lettres modernes et diplômée de l’ENS de Lyon. Elle travaille sur les liens entre langage et pouvoir. Elle est également
chroniqueuse sur France Inter et enseignante en milieu carcéral.