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Présentation du dernier numéro de la revue Sensibilités
28 février @ 19h00 – 21h00
Sarah Mazouz, sociologue, autrice notamment de Pour l’intersectionnalité et de Race (Anamosa), et Thomas W. Dodman, historien, auteur de Nostalgie : histoire d’une émotion mortelle (Seuil), viendront présenter le numéro 12 de la revue Sensibilités, intitulé « Race, l’ombre portée ».
Thomas W. Dodman et Sarah Mazouz ont coordonnée ce numéro, qui comprend les contributions de Nicolas Martin-Breteau, Solène Brun, Inès Mrad Dali, Amina Damerdji, Souleymane Bachir Diagne, Patrick Geary, Sarah Mazouz, Emmanuelle Saada, Jean-Frédéric Schaub, Laura Steil, Kazuko Suzuki, William Tullett, Loïc Wacquant, Jérôme Wilgaux.
Présentation du numéro :
Travailler de manière critique sur la race, c’est montrer que la race est un rapport de pouvoir abstrait qui sert à catégoriser et à hiérarchiser des groupes humains au nom de ce que l’on tient pour leur origine géographique, culturelle ou religieuse, et qui crée ainsi une condition sociale. C’est établir également que ce sont des logiques de racialisation qui viennent produire concrètement ces catégories et hiérarchies en s’appuyant sur le corps, mais de manière différente selon les lieux et les époques. Les caractéristiques physiques sont alors utilisées comme la manifestation de l’altérité prétendument radicale qui existerait entre groupes infériorisés racialement et ceux qui les infériorisent.
Dit autrement, la race ne préexiste pas aux logiques de racialisation ; elle en découle.
C’est donc à l’ombre portée de la race que ce volume de Sensibilités s’intéresse. De l’Antiquité à nos jours, ici et ailleurs, nous mettons en évidence le jeu complexe entre race et corps en soulignant leurs articulations variées, labiles et toujours situationnelles. S’il nous faut aller chercher la race au plus près des corps – dans la manière dont elle amène à concevoir une couleur de peau, un style de danse, la forme d’un pied, ou même le sang –, ce n’est pas pour la naturaliser mais, au contraire, pour en réaffirmer le caractère éminemment construit. Nommer les effets de pouvoir pour mieux les déconstruire.